Carnet de voyage  - Trois jours à l’île de Ré

Mardi 26 mai 2010

Il est 6h10, nous chargeons nos bagages puis prenons place dans le car qui nous emmène vers l’île de Ré. Quelques minutes plus tard, Châteauroux est derrière nous, cap à l’ouest ! Saint-Gaultier, Le Blanc puis nous quittons le département de l’Indre pour celui de la Vienne : Saint-Savin et son abbaye, la cité médiévale de Chauvigny, Poitiers. Nous effectuons une pause sur une aire de repos, nous dégourdissons les jambes et prenons l’air. Le mal des transports s’est déjà rappelé au bon souvenir de certains d’entre-nous… Imperturbable, le bus glisse sur le long tapis de bitume qui nous guide vers la mer. Voici La Rochelle. Le pont nous permet d’enjamber ce bras d’océan pour poser le pied sur l’île tant attendue.

Un rayon de soleil, le paysage est superbe. La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs a des reflets d’argent, la mer bergère d’azur infinie (je me demande si je n’ai pas déjà entendu quelqu’un chanter ça…). Et puis, c’est la traversée de l’île : Saint-Martin, le fameux clocher d’Ars. La dernière tempête a laissé des traces, les arbres sont brûlés par le sel. Voici enfin Saint-Clément et le phare des baleines, nous sommes arrivés.

En cette fin de matinée, nous prenons possession de nos bicyclettes : à chacun sa taille ! Attention, les chutes peuvent commencer. Mais auparavant, allons pique-niquer sur la plage, les ventres sont creux. C’est notre premier contact avec l’océan : que c’est beau ! Nous ne résistons pas longtemps à la tentation de courir et de jouer dans le sable fin. Cet après-midi, la balade en vélo (si, si maîtresse, le port du casque est obligatoire !) nous conduit au phare : ascension vertigineuse pour une vue imprenable sur l’île et ses alentours. Pendant la visite du musée, nous apprenons à quoi sert un phare, comment il fonctionne… Le monde fascinant de la mer s’offre à nous. Le retour est l’occasion de quelques déraillements, chutes. Certains ont tendance à perdre les pédales. Cela ne nous empêche nullement de profiter des superbes paysages : marais, vignes, plages, notamment celle de Trousse-Chemise.

Dans le petit bois de Trousse-Chemise Quand la mer est grise et qu’on l’est un peu…

Bernard et Micheline se disputent pour savoir qui a écrit la chanson. Le maître les départage avant qu’ils n’en arrivent aux coups. Nous passons d’ailleurs devant la maison de Charles Aznavour. Il est temps de nous installer dans nos chambres puis de dîner. Nous jouons ensuite sur la plage jusqu’au crépuscule. Les cerfs-volants sont de sortie et, à la grande surprise de la maîtresse et du maître, ils volent. Le phare des baleines émet ses premiers signaux lumineux (sa puissance est impressionnante), nous allons nous « coucher ». Coucher entre guillemets parce que ce début de nuit ne sera pas calme pour tout le monde. Les enfants concernés se reconnaîtront…

Mercredi 27 mai 2010

Déjà l’heure du lever ! Le programme alléchant de la journée et la promesse de 50 kilomètres sur la selle nous font oublier le manque de sommeil. C’est comme si nous étions déjà partis.

Un copieux petit déjeuner avalé et nous filons à toutes pédales vers Saint-Martin-de-Ré. C’est tout juste si les goélands ont le temps de nous voir passer. Nous reprenons tout de même des forces en milieu de matinée, la marée est basse, nous trouvons des coquillages et de petits crabes. Nous repartons, tout va pour le mieux jusqu’à l’incontournable crevaison : le pneu de Lucie n’est pas réparable (la maman de Simon propose pourtant sa pince à linge). Tout va finir par s’arranger. Enfin, la porte de Saint-Martin est en vue, nous pénétrons dans le fort : c’est du costaud ! Nous nous rappelons les leçons d’histoire : les Temps modernes, Louis XIII, le cardinal de Richelieu et le siège de La Rochelle, Louis XIV, Mazarin, Vauban… Soudain, une détonation ! Ce n’est pas un vilain coup des Anglais mais seulement le pneu d’Arthur qui vient d’éclater. Nous arrivons à temps pour pique-niquer près de la prison. Frédéric prend les choses en main pour la distribution de la nourriture, le ramassage des déchets : ça c’est de l’organisation ! Nous repartons, traversons la rue principale où les touristes sont déjà nombreux. Ils nous regardent passer, amusés.

Le retour est plus difficile car nous luttons contre le vent. Nos jambes sont mises à rude épreuve mais tout le monde est courageux et le groupe avance bien. Ouf ! Pause dans un marais salant. Le guide nous explique tout le processus basé sur l’évaporation depuis l’entrée de l’eau de mer dans le marais jusqu’à la récolte du sel. Nous goûtons au passage quelques plantes halophiles comme la salicorne. Anecdote qui ne manque pas de sel : Paul se découvre une vocation, il aimerait bien être saunier. Reste à convaincre ses parents. Les derniers kilomètres qui nous séparent de Saint-Clément sont parcourus sans anicroche.

Nous passons à la boutique pour le classique achat de souvenirs (sans oublier que dimanche, c’est la fête des mères). Nous avons bien mérité notre douche, un dîner et une petite glace à la terrasse d’un restaurant de Saint-Martin (nous y sommes retournés en car). Dernier tour sur les remparts avec Babette, il fait nuit, la vue sur l’océan est magnifique. Nous retrouvons le bus (après un petit détour) et rentrons dormir. Il est minuit. Maîtresses, maître et mamans siègent non pas autour de La Rochelle mais au milieu de la cour pour veiller au calme. La directrice demande, avec beaucoup de courtoisie, à chaque chambrée de bien vouloir faire le silence et dormir. Des mouettes passent au-dessus de la cour, du déodorant aussi (comprenne qui pourra). Les adultes peuvent aller se reposer. On s’endort plus rapidement qu’hier.

Jeudi 28 mai 2010

Déjà le dernier jour ! N’y pensons pas trop et profitons-en jusqu’au bout. Ce matin, il faut pourtant que nous faisions nos bagages, rangions nos chambres et les nettoyions. Quelques garçons vont devoir s’y reprendre à plusieurs fois tandis que d’autres sont de véritables fées du logis. Pour les filles, rien à dire : on a même dû empêcher Médina de balayer la nuit ! Les bagages retournent dans les soutes et nous enfourchons, pour la dernière fois, nos montures à deux roues. Attendez ! Arthur est à plat. Non, pas Arthur mais son vélo. Il en change et nous partons.

La réserve naturelle de Lilleau des Niges nous permet de découvrir les espèces d’oiseaux présentes sur l’île : goélands, aigrettes, hérons, canards Tadorne de Belon… Toute une faune à protéger. De retour à St-Clément, nous rendons nos vélos et déjeunons : moules-frites au menu. Cela fait le régal de certains (suivez mon regard) mais pas de tous. Vient alors le moment des adieux : au revoir à la classe de Montierchaume, à celle d’Aigurande, à tous les adultes qui nous ont encadrés pendant le séjour. Le bus écrase un casque, file vers St-Martin où il nous dépose.

Nous visitons le musée Ernest Cognacq : un peu d’histoire et d’éducation civique avant de partir. Eh oui ! La Rochelle fut l’une des villes françaises qui participa au commerce triangulaire, à la traite des esclaves. On parle de sujets difficiles : la colonisation, le racisme. On découvre d’autres cultures et nous sommes finalement intrigués par une mystérieuse statuette africaine. D’où vient-elle ? Comment est-elle arrivée ici ? Pourquoi suinte-t-elle ? Nous repartons sûrement avec des questions, peut-être un peu plus tolérants.

Cette fois, c’est fini. Nous franchissons le pont, revenons sur le continent. Le voyage du retour se déroule pour le mieux. Les maîtresses et le maître discutent, lisent et se disent qu’il n’y a pas que leurs élèves qui font des erreurs d’orthographe… La maman de Johanna et celle de Simon sont toujours là pour s’occuper de nous. On pourra leur dire merci. Un arrêt à St-Savin pour le dîner et nous arrivons à l’école vers 21 heures. C’est le moment des retrouvailles. Trois jours seulement sont passés. Le matin du départ nous paraît pourtant si lointain ! Nous sommes là avec nos coups de soleil, nos bagages sur les bras et des souvenirs plein la tête. Tout le monde est fatigué mais qu’est-ce-que c’était bien !

Le maître - M. Yvernault