Sous le ciel de Paris…

 

Bâillements, traits tirés, regards hagards : chacun d’entre-nous s’est levé trop tôt. Le rendez-vous était fixé à 6h45, pas de retardataire. Ils sont venus, ils sont tous là, même ceux sud de … Les maîtresses et le maître l’avaient précisé : le train n’attend pas. Les élèves sont comptés et recomptés, les billets compostés, direction le quai. La locomotive en provenance de Limoges grossit à vue d’œil. 

Nous prenons place : à nous la capitale ! Nous nous installons confortablement dans cette journée très particulière. Halte à Issoudun puis à Vierzon, les estomacs sont déjà creux. Nous nous occupons comme nous pouvons. Consoles, photographies (il faut bien préchauffer l’appareil), lecture, mots fléchés (« grand figuier en 6 lettres » commençant par la lettre B?), café, bavardages… La banlieue pointe déjà son nez et puis la ville nous ouvre grand ses bras. Austerlitz, tout le monde descend : respirons à plein poumons l’air revigorant du Quartier Latin ! Les effluves de la gare chatouillent nos narines. Le Muséum d’Histoire Naturelle est tout près, nous le laissons derrière nous pour filer (si, si ! filer !) vers le centre historique de Paris : l’île de la Cité.

 

Deux îles au cœur de Paris

Nous longeons la Seine, les péniches nous accompagnent. C’est d’abord l’île Saint-Louis qui émerge sur l’autre rive et puis le pont qui semble amarrer la petite île à sa grande sœur. Notre-Dame est sagement posée, élégante et majestueuse, vêtue de ses plus beaux atours gothiques. Tout le monde connaît cette vue : cartes postales et reportages, manuels d’histoire la représentent. Paul, Mathilde, Elena, Christopher, Clément, Sacha et bien d’autres sont même déjà venus. Pourtant, le tableau est magique ! Il suffit de traverser le Pont au Double et nous voici insulaires pour une petite heure. Les accents asiatiques, anglophones nous font bien comprendre que nous sommes dans l’un des lieux les plus visités au monde. Pénétrons maintenant dans la cathédrale. C’est le moment ou jamais de toucher du doigt les caractéristiques du style gothique dont la maîtresse nous a parlé. Comment être insensible aux couleurs chamarrées des vitraux (certains datent du XIIIe siècle), à la perfection géométrique des roses qui mesurent tout de même 13 mètres de diamètre, au port altier des grandes orgues ? Merci Victor d’avoir su convaincre vos contemporains : sans votre roman, n’aurions-nous qu’un tas de pierres sous nos yeux ou bien 3 ou 4 buildings ? Mon dieu, rien que d’y penser j’en ai le bourdon!

Retour dans le présent : il est temps de sortir sur le parvis, la foule se presse et le lieu perd de sa solennité. Quai des Orfèvres, les traversées de rues sont quelques peu périlleuses mais les mamans d’Arthur et de Simon stoppent le flot des voitures au péril de leur vie. Nous traversons le Pont Neuf qui est, comme son nom l’indique, le plus vieux de Paris ; nous saluons Henri IV (et non pas Charlemagne…) le Vert-Galant et entrons sur le square à l’extrémité de l’île. De là, nous apercevons la Tour Eiffel, le Grand Palais, Le Louvre, l’Hôtel de la Monnaie.

Nous nous sommes assez reposés comme ça (45 secondes environ). Terminons notre circuit en rentrant par le quai de l’Horloge. La Conciergerie est malheureusement emmaillotée, travaux obligent. Savez-vous qu’il s’agissait là du palais royal, il y a bien longtemps ? Les rois de France choisirent ensuite de déménager au Louvre… et puis il y eut Versailles. Nous regagnons le Muséum d’un pas allègre. Le marché aux fleurs, la Sainte-Chapelle nous saluent. Nous, nous marchons ! Entrée triomphante dans le Jardin des Plantes (belle perspective), franchissement expéditif de la billetterie de la Ménagerie… Pause.

 

Le Muséum d’Histoire Naturelle.

            La Ménagerie

Il est temps de sortir le casse-croûte, les singes nous observent, pas franchement surpris : ils ont l’habitude. C’est avec plaisir que nous retrouvons nos camarades de la classe de CE2-CM1, eux non plus ne sont pas surpris : ils ont l’habitude. Ils partent les premiers pour leur visite guidée au musée de la paléontologie. Ce sera notre tour dans 20 minutes. En attendant, nous faisons connaissance avec quelques reptiles dans ce parc zoologique qui est l’un des tout premiers à avoir existé. Pas de temps à perdre : les fossiles nous attendent. Vous me direz, ils ont bien attendu plusieurs millions d’années, ils peuvent patienter encore quelques minutes…


            Les Galeries d’Anatomie comparée et de Paléontologie

 

C’est d’abord le rez-de-chaussée qui nous en met plein la vue : pas de fossile ici mais des squelettes par centaines, des vitrines dans lesquelles l’anatomie nous est exposée. Le guide va justement nous faire comparer l’anatomie des squelettes de reptiles et de mammifères et cela nous sera bien utile quand nous accéderons au 1er étage.

Fossiles réels ou moulages nous permettent d’étudier différentes espèces de dinosaures, de comprendre les liens de parenté entre dinosaures, reptiles, oiseaux et mammifères. Arthur et Martin aident bien le guide. Arthur (le second, c’est un prénom répandu dans la classe) nous fait une petite conférence sur les différents types anatomiques de bassin permettant de distinguer saurischiens et ornithischiens. Cela paraît évident ! Mais non, nous ne parlons pas de chiens ! Suivez quoi ! Léa intervient fort à propos (et oui ! être passionné d’équitation, ça donne des notions d’anatomie !). Pour tout dire, chacun est très attentif et participe.

L’humour du guide tombe à plat, il pense que c’est parce que nous sommes très concentrés… Nous le laissons à ses illusions mais lui déconseillons toutefois de se lancer dans une carrière comique. Cela nous fait rêver aussi, guide au Muséum d’histoire naturelle ! Ceci dit, le lieu n’est pas sans rapport avec le monde du spectacle, Lucie a reconnu le lieu de tournage du film de Luc Besson « Adèle Blanc-Sec ». Bien vu !


Nous circulons librement quelques minutes dans le musée. Nous allons de découvertes peu ragoûtantes (les dates de péremption de ces conserves sont dépassées depuis belle lurette) en rencontres impressionnantes : les squelettes de cétacés, c’est assez gros ! Ce sont maintenant les grandes serres qui vont avoir l’honneur de nous connaître.

                       

Les Serres

 

La serre tropicale tout d’abord, avec sa végétation luxuriante, la vie à tous les étages. L’atmosphère chaude et humide ne nous empêche pas de nous attarder. C’est le vanillier qui retient l’attention de certains (« c’est une plante, la vanille ? » et bien oui, c’est le fruit du vanillier et nous découvrons qu’il s’agit d’une orchidée), ce sont les larges feuilles du bananier qui intéressent les autres.

Une petite escalade vers la canopée nous conduit ensuite vers la serre des plantes de Nouvelle-Calédonie. L’air est plus respirable. Nous repensons à notre sujet d’étude en géographie puisque cet archipel situé en Océanie est sous souveraineté française. La serre n’est pas très grande mais nous comprenons que la plupart des espèces n’existent que sur ces îles, il est donc impératif de les protéger. L’intérêt du maître pour la botanique fait qu’il a oublié de regarder le plan : nous avons raté la serre des déserts et des milieux arides. Elle ne doit pas manquer de piquant.

 Revenons sur nos pas et voyons donc quelles plantes peuvent survivre dans cet enfer. Surprise, il ne fait pas si chaud. Ne confondons pas chaleur et sécheresse ! Par contre, nous sommes éblouis en entrant, le lieu est beaucoup plus lumineux que la serre tropicale. Cactus et plantes grasses se sont adaptés à ces conditions difficiles. Leur forme, leurs feuilles devenues des épines… leur permettent de vivre ici. Il n’y a pas que les animaux qui ont évolué au fil du temps.

La dernière serre nous le prouve : les espèces qui s’y trouvent sont sur Terre, pour certaines, depuis des centaines de millions d’années. D’autres sont apparues plus récemment : au temps des dinosaures il n’y avait pas de plantes à fleurs. Les fossiles d’arbres ont beaucoup de succès, il est vrai qu’ils sont très beaux.

  

Le Jardin des Plantes

Ce voyage dans le monde végétal prend fin, nous rejoignons la classe de CM2 et nous goûtons. Pigeons et piafs profitent d’un peu plus que des miettes. La journée a été bien employée, profitons de l’heure qui nous reste pour flâner dans le Jardin des Plantes. Après avoir croqué quelques biscuits, croquons deux ou trois plantes. Crayons de papier et gommes sont de sortie. Les delphiniums, les roses, les pavots de Californie ont le plus de succès. Nos carnets garderont trace de la visite et puis le maître nous demande de constituer une petite liste de mots qui nous ont marqués. Des noms de rue, de monuments, de personnages historiques, de scientifiques, les noms latins des plantes, des animaux, des espèces disparues et puis des mots tout simples qui disent nos impressions… le choix est infini ! Nous sortons pour de bon du Jardin, croisons la classe de CE1 et rejoignons la gare.

 

A toute vapeur (façon de parler), le train s’élance vers le sud. Au revoir Paname. Nous pensons que le plus utile dans un train, après la locomotive, ce sont les toilettes ! Le retour est un peu plus bruyant que l’aller. Il faut dire que la journée était excitante. Pierre, Yohann et Pierre-Louis entament sans plus attendre leurs travaux paléontologiques. Le contrôleur avait-il déjà assisté à des fouilles  de ce type dans son train ? De champs de blé en éoliennes, de clochers en pylônes, la SCNF nous achemine vers Châteauroux où l’on nous attend impatiemment. Maître et maîtresses nous rendent, un peu poussiéreux, à nos parents. Poussiéreux certes mais de belles images plein la tête.

Et demain, on recommence : bâillements, traits tirés, regards hagards : chacun d’entre-nous s’est levé trop tôt… La suite reste à écrire.

Le maître - M. Yvernault